Titan Pack UT III : Epic Games nous ouvre ses portes

Epic Games nous ouvre ses portes

Une invitation dans les studios d'Epic Games ne se refuse pas. Après plus de 12 heures de vol, nous arrivons enfin à Cary, une petite ville située en Caroline du Nord (USA). Hummer, Porsche, Corvette, le parking du développeur américain ressemble à une véritable exposition de voitures de sport. Pas de doute, nous sommes bien chez l'un des développeurs les plus prisés du moment. Depuis le succès d'Unreal et plus récemment de la franchise Gears Of War, la compagnie fait désormais partie des stars de l'industrie. L'occasion de faire le tour du propriétaire, mais aussi de découvrir en avant-première le Titan Pack, « l'extension » gratuite d'Unreal Tournament III prévue sur PC et PS3.

Titan Pack UT III, nous y avons joué : toutes les infos !

Il était temps. La première véritable « extension » pour Unreal Tournament 3 arrive le 5 mars sur PC et Playstation 3. Eh non, pas de version Xbox 360. Epic justifie sa décision par l'impossibilité d'importer les mods sur Xbox 360 et que certaines cartes ainsi que le multi en écran scindé sont déjà disponibles dans cette version.

Première bonne nouvelle, le Titan Pack est totalement gratuit. On commence le menu des réjouissances avec la présence d'un mode multijoueurs en écran splitté sur Playstation 3, autorisant donc de jouer la campagne en coopération. Déjà nettement plus intéressant, Epic confirme la possibilité d'importer les mods PC sur Playstation 3 via une simple Memory Stick. Les possesseurs de Playstation 3 pourront donc goûter à tout le contenu fourni par les fans. Et autant dire que les amoureux d'Unreal ne manquent pas d'imagination et de talent : certains mods s'avèrent réellement surprenant. Nous avons par exemple essayé SnowReal, sorte de simulation de glisse à la sauce Unreal. Original ! Au delà des nombreux mods disponibles, Epic annonce l'arrivée de 16 nouvelles cartes, même si cinq d'entre elles sont déjà disponibles dans la version Xbox 360. Au programme, 3 cartes Vehicule CTF (Stranded, Rails, Suspense Necris), 4 cartes Warfare (Hostile, Confrontation, Cold Harbor, Downtown Necris), 3 cartes Capture the flag (Morbid, Nanoblack, Shaft) et 6 cartes Deathmatch (Dark Match, Ocean Relic, Eden, Inc., Turbine, Koos Barge, Lost Cause). Force est de reconnaître qu'Epic a fait l'effort de proposer des maps d'une grande variété. Diversité des décors, complexité du level-design, le lot de cartes inédites ne devraient pas décevoir les fans.



Comme le réclamait bon nombre de joueurs, Epic a retravaillé les menus pour rendre les parties plus accessibles. Le système de vote a également subi une remise au neuf pour offrir plus de clarté aux joueurs. Au chapitre des améliorations, Epic parle aussi d'une intelligence artificielle des bots revue à la hausse. Malheureusement, impossible à vérifier pour le moment. Comme on s'en doutait, le Titan Pack n'apporte aucune nouveauté au sein du mode solo, le développeur américain a préféré se concentrer sur le multijoueurs. Le pack propose deux modes de jeu totalement inédits : Greed et Betrayal. Le principe de Greed, qui se joue en équipe, est assez simple : chacun des participants assassinés laissent tomber des crânes, des artefacts qu'il faut collecter pour ensuite les ramener au camp adverse et marquer des points. Le but de la manoeuvre est donc d'en collecter un maximum sur la map. Les crânes détenus par les joueurs sont déterminés par le nombre de frags effectués. D'un point de vue purement stratégique, mieux vaut viser le plus doué de la partie, récupérer le butin et tracer vers la cible. Cependant, la dimension stratégique semble s'effacer rapidement. Le coupable de ce désordre ? Une nouveauté nommée Mutator Titan. Après un certain nombre de frags consécutifs (visible sur un jauge), celle-ci permet de se transformer en une créature massive et ravageuse. Armé d'un lance-roquette à munitions illimité, le Titan impose sa loi dans les parties. Mais la terreur s'accentue encore lorsque le joueur passe à la seconde transformation, le Behemoth. Alors oui, c'est amusant, jouissif, mais cet attribut semble déséquilibrer totalement les parties ! Difficile en effet de stopper un joueur au sommet de sa furie, même si le Titan fait bien souvent office de garde du corps puisqu'il ne peut récupérer aucun objet. Heureusement, le Behemoth s'autodétruit au bout de 30 secondes, ce qui abouti d'ailleurs à une sorte d'explosion nucléaire impressionnante.

Betrayal, le second mode exclusif, s'avère quant à lui un poil plus complexe. Le joueur se retrouve propulsé aléatoirement dans une équipe de 4 joueurs. Tous vos frags (du one shot uniquement) s'additionnent de manière individuelle et surtout dans une sorte de pot commun. Une fois ce score assez élevé, le but du jeu est de tuer l'un de vos coéquipiers pour récupérer les points amassés dans le pot. Considéré comme un traitre, l'avis de recherche est lancée : votre ancien coéquipier a 30 secondes pour vous ôter la vie et récupérer un maximum de points bonus.



Pour continuer avec les nouveautés de ce Titan Pack, Epic Games a rempli l'arsenal avec deux nouveaux éléments déployables, ainsi que deux armes inédites. Le Stringer Tourett est, comme son nom l'indique, une tourelle de tir qui déclenche des assauts extrêmement rapides, tandis que Eradicator Cannon possède une longue portée permettant d'atteindre l'ensemble de la carte, ou presque. Concernant les éléments déployables, la Link Station permet de réparer les véhicules et le X-Ray Field offre un champ de protection intéressant. Ajoutez à cela un nouveau power-up (Slow Field) ainsi qu'un véhicule tout neuf, le Stealthbender, qui permet de transporter notamment les deux nouveaux déployables. De manière plus anecdotique, Epic annonce la présence de deux personnages supplémentaires, Nova et Kana. Pour finir sur une bonne note, sachez que le Titan Pack propose 57 succès sur Steam et le même nombre de trophées sur Playstation 3, et c'est gratuit.

Visite des studios : découvrez les arcanes d'Epic en images

Fondé en 1991, Epic Games débute sa brillante carrière en lançant ZZT, Epic Pinball, puis Jazz Jackrabbit et Jill of the Jungle, deux jeux de plateformes peu connus du grand public. Mais le développement de la société prend une toute autre dimension en 1998. Alors que la France remporte la Coupe du Monde de Football, Epic Games commercialise un certain Unreal. Un FPS aux multiples versions qui fait aujourd'hui figure de référence emblématique auprès de toute une communauté. Le succès du jeu fut directement au rendez-vous, à tel point que Tim Sweeney et Mark Rein, les deux fondateurs, décident de produire et de vendre leur propre moteur 3D sous le nom d'Unreal Engine.

Onze ans après, force est de constater que l'Unreal Engine, qui en est à sa troisième version, tourne à plein régime. Activision, Midway, Electronic Arts, Square Enix, tous les plus gros acteurs du marché font désormais appel à cette fameuse technologie. Mais malgré ce que l'on pourrait penser, Epic Games n'a rien d'une compagnie démesurée : une centaine d'employés (parfois plus) travaillent à la fois sur les jeux et les optimisations du moteur.





Epic Games est avant tout un développeur atypique, aussi bien dans sa manière de fonctionner que dans les différentes personnalités qu'il comporte. À commencer par Mark Rein, l'un des sémillants fondateurs de la société. Toujours tranchant et un poil provocateur dans ses propos, il représente aujourd'hui l'un des acteurs les plus influents de l'industrie. Les yeux rivés sur son Blackberry, il est au courant de tout ce qui se dit dans les arcanes du jeu vidéo.

Et quand il s'agit de démentir une rumeur relative à Epic Games, Mark Rein s'en donne à coeur joie. Des rumeurs, il en circule beaucoup, notamment à propos de la vente d'Epic. Selon les informations de la presse américaine, Microsoft aurait voulu racheter le studio pour 1 milliard de dollars, ce qui serait finalement un pur fantasme de journaliste. Plus récemment, il se disait aussi que Legenday Pictures (société de production cinématographique) aurait jeté son dévolu sur le créateur de Marcus Fenix. Une autre information totalement infondée selon lui.




Mais après le succès de Gears Of War 2, avec 4 millions de copies vendues dans le monde, la vraie question est : sur quel(s) projets travaille réellement Epic Games. Étant donné que la société possède une sérieuse culture du secret, aussi liée aux enjeux financiers, difficile de connaître ce qu'il se trame réellement à Cary. Même en séance d'interviews, les bouches restent liées. Néanmoins, nous avons quand même réussi glaner quelques indices, saupoudrés de nos propres suppositions. Pour commencer, il faut savoir qu'une toute petite équipe travaille sur l'Unreal Engine 4, le moteur destiné aux prochaines générations de consoles. L'équipe responsable d'Unreal plancherait quant à elle sur le futur de la série (rien de surprenant!) tout en continuant à bosser sur différentes améliorations (comme le Titan Pack) pour Unreal Tournament III.






Au détour d'un couloir, nous croisons le désormais célèbre Clifford Blezinski, l'homme à la tronconeuse, ou encore l'ambassadeur de la licence Gears Of War. Pas le temps de lui causer, l'intéressé monte aussitôt dans l'ascenseur en titillant les journalistes présents de la plus belle des manières : « je bosse sur un truc qui ne sera pas montré avant deux ans ». Sans grande conviction, on aurait pu lui poser la question suivante : le développement de Gears Of War 3 a-t-il débuté ? Si rien n'a été dit officiellement, tous les indicateurs laissent penser que non. En tout cas, « l'équipe Gears Of War » n'est pas en phase de pleine production, en témoigne le calme qui règne dans les bureaux. Il se murmure d'ailleurs que l'équipe de Cliff B. aurait commencer à travailler sur un tout nouveau survival-horror pour le compte d'Electronic Arts.

Si vous voulez mon avis, Gears Of War 3 n'est pas là de pointer le bout de son nez. Aucune trace non plus de Gears Of War 2 sur PC qui semble définitivement mort et enterré. Néanmoins, sachez qu'Epic travaille actuellement main dans la main avec le réalisateur du film Gears Of War, une production hollywodienne prévue en 2010. On espère en savoir plus d'ici l'E3 2009.

Interview Steve Polge, Lead Designer chez Epic Games

JeuxVideo.fr : Pour commencer, j'aimerais revenir sur Gears Of War. Lorsque vous avez lancé le premier épisode, vous attendiez-vous à un tel succès ?

Steve Polge : A vrai dire, oui, nous avons quand même été un peu surpris. Je me souviens que l'équipe avait peur de ne pas pouvoir répondre aux attentes. Lorsque nous avons montré le jeu à l'E3, le buzz était vraiment énorme. Mais jusqu'aux derniers jours du développement, nous n'étions pas rassurés. De plus, il s'agissait quand même d'un projet bien différent d'Unreal... Mais vous savez, lancer un jeu est toujours un gros challenge, nous ne sommes jamais certains que nos idées seront appréciés des joueurs, je parle aussi des choix artistiques. Nous avions aussi beaucoup de pression avant de sortir Gears Of War 2. Aujourd'hui, c'est un véritable succès et nous en sommes ravis.

Le film Gears Of War est en production depuis un certain temps déjà, avez-vous des nouvelles ?

Je n'ai pas d'informations officielles à communiquer, mais oui, le film avance bien. Nous travaillons avec une très bonne équipe qui connaît bien la série et j'ai vraiment hâte de voir le résultat !

Que pensez-vous de la convergence entre le cinéma et le jeu vidéo ? Il y a peu de temps, on a beaucoup entendu parler de Legendary Pictures qui aurait voulu racheter Epic...

Encore des rumeurs ! Mais c'est certain que la convergence entre le jeu vidéo et le cinéma est aujourd'hui une réalité. Cependant, je pense que cela dépend de la franchise et des opportunités. Pour Unreal par exemple, ça ne serait pas possible. Avec Gears Of War, c'est possible car le scénario s'y prête vraiment bien, c'est en quelque sorte une continuité naturelle. Il faut aussi qu'il y ai une bonne équipe derrière.



Contrairement à Unreal, la plupart des FPS actuels proposent un mode solo costaud avec un scénario intéressant et une mise en scène hollywoodienne, comme par exemple Call Of Duty. Justement, est-ce que le succès d'une série comme Call Of Duty vous pousse à réfléchir sur le fait de lancer un épisode d'Unreal avec les mêmes codes ?

A l'heure actuelle, je n'ai pas de plan à annoncer concernant le futur de la série. Cependant, quand vous regardez la direction prise pour Gears Of War 2, je pense que cela mérite en effet réflexion. Nous reconnaissons que les joueurs aiment se sentir immergés au sein d'une trame scénaristique profonde. Mais avec Unreal, il faut faire attention car il s'agit à la base essentiellement d'un jeu multijoueurs basé sur le gameplay. Il ne faudrait surtout pas se froisser avec notre communauté et dénaturer le cœur du jeu, ce qui a fait son succès et sa différence. Et puis le fait d'être essentiellement centré sur le multijoueurs offre quand même de sérieux avantages d'un point de vue créatif. Nous ne sommes pas limités à un seul univers.

Donc pour vous, Unreal reste essentiellement un jeu multijoueurs basé sur la communauté ?

Exact. La communauté est vraiment très importante pour nous. Nous avons beaucoup de fans qui nous suivent depuis le début de l'aventure. Nous essayons vraiment d'en prendre soin en organisant toutes sortes d'événements et en étant à l'écoute des demandes. Ca nous fait plaisir de voir que la communauté continue de grandir ! Vous savez, les réseaux sociaux et tout ce qui tourne autour des jeux en ligne représentent aussi le futur de notre industrie.



Numéro 1 des ventes, la Wii rapporte beaucoup d'argent. Vous n'êtes toujours pas intéressé pour produire un moteur Unreal Engine spécifique à ce support, ou tout simplement un jeu Wii ?

Ce n'est pas une question d'intérêt. En tant que designer, je trouve que la Wii est vraiment une bonne machine qui offre des perspectives intéressantes. C'est juste que notre vision n'est pas du tout adaptée aux capacités hardware de la Wii. C'est un fait. Je veux dire, c'est une console qui demande des jeux bien spécifiques et un processus de développement particulier qui ne rentre pas dans les plans d'Epic.

Depuis plusieurs années, Epic s'est spécialisé dans les jeux d'action avec Gears Of War et Unreal. Vous n'avez pas envie de développer quelque chose de nouveau, tout en exploitant votre moteur ?

Vous savez, c'est surtout une question de risque et de capacité. Est-ce çe serait vraiment une bonne idée de se lancer dans un thème que l'on ne maitrise pas ? Je n'en suis pas certain, c'est déjà assez difficile comme ça (rires). Et puis je ne suis pas certains que les joueurs attendent de notre part à un RPG !

Vous avez récemment signé avec EA dans le cadre d'un nouveau jeu. De quoi s'agit-il ?

Je ne peux pas en parler... vraiment, en plus je ne suis pas directement concerné par le projet.

C'est une nouvelle licence ? Aujourd'hui, il parait difficile de lancer une nouvelle série. Mirror's Edge et Dead Space, qui sont de bons jeux, en sont les parfaits exemples...

Oui, c'est une nouvelle licence. Ces deux jeux sont effectivement de bons exemples. J'espère qu'ils auront une seconde chance, car ils sont vraiment excellents. Comme vous le savez, le marché est devenu plus compliqué avec beaucoup de bons jeux, notamment en fin d'année. Sans un gros soutien marketing, il est vraiment difficile de percer avec une nouvelle série. Mais c'est une question d'équilibre, je pense qu'il y a quand même de la place pour tout le monde. Si une tranche de joueurs réclament constamment de nouvelles franchises, d'autres veulent simplement se rabattre vers des séries déjà connues. C'est logique. Il faut du neuf sans pour autant saturer le marché.



La question stupide du jour : Gears Of War 3 est-il déjà en développement ?

Oui, nous avons un plan de 10 ans concernant Gears (rires). Plus sérieusement, nous n'avons pas de plan spécifique. Je ne peux donc rien dire là-dessus. Nous voulons essentiellement répondre à la demande des joueurs en leur offrant ce qu'ils souhaitent...

Et Gears Of War en fait parti ?

Bien évidemment, Gears Of War est très important pour les joueurs. Nous le savons parfaitement. Il n'y a qu'à voir le succès mondial du deuxième épisode et l'accueil extrêmement positif que nous avons reçus. Mais encore une fois, il faut aussi penser à l'équilibre entre nos licences déjà installées et le fait de travailler sur de nouveaux projets.

Si Cliff.B ne bosse pas sur Gears Of War 3, que fait-il, il n'est pas en vacances ? J'ai lu dans la presse qu'il travaillerait sur un nouveau survival-horror ?

Je vous rassure, il est bien là. Je pense que les journalistes ont beaucoup d'imagination...! Tout ce que je peux dire, c'est que nous étudions actuellement beaucoup de choses.

Merci beaucoup de nous avoir accordé un peu de votre temps!